L'Étoile du Nord

Grèves dans le transport scolaire québécois

Les chauffeurs de bus réclament leur dû face à leurs employeurs grassement subventionnés

Temps de lecture:3 Minute

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La colère gronde parmi les chauffeurs d'autobus québécois, frappés de plein fouet par l'augmentation générale du coût de la vie. Depuis le 16 octobre, seize syndicats du transport scolaire, représentant 182 membres, ont envoyé un avis de grève au ministère du Travail, pointant du doigt leurs employeurs privés s'étant s'accaparé d'importantes subventions gouvernementales. 

En février 2023, la Coalition Avenir Québec (CAQ) avait bonifié les fonds destinés aux entreprises de transport scolaire avec l'injection de 112 millions de dollars. Une partie de cette somme était censée améliorer les salaires des chauffeurs d'autobus, dont les conditions de travail préoccupaient de plus en plus. Toutefois, ces derniers n'avait pas leur mot à dire sur l'utilisation de ces fonds, pas plus que leurs représentant syndicaux ou le gouvernement.

Leur rémunération, généralement située entre 15$ et 17$ de l'heure en début d'année selon le syndicat, est largement insuffisante. Josée Dubée, présidente du Secteur transport scolaire de la Fédération des employées et employés de services publics–CSN, soulignait le 3 novembre « que plusieurs salariés de l’entreprise doivent fréquenter des banques alimentaires chaque semaine pour arriver à combler leurs besoins de base. »

Les grèves passées et planifiées dans le secteur semblent ainsi être nécessaire pour que les travailleurs puissent recevoir leur part du gâteau. À titre d'exemple, le 13 novembre, les membres du Syndicat des travailleuses et travailleurs de Transco Saint-Hubert–CSN ont accepté une entente de principe leur octroyant de sérieuses augmentations suite à une grève générale de deux semaines.

Ceux-ci obtiendront une bonification salariale moyenne de 25,37% pour l'année 2022-2023. Cette victoire marque une nouvelle norme salariale dans le secteur, selon Frédéric Brun, président par intérim de la Fédération des employées et employés de services publics–CSN.

Mais les négociations ne sont pas finies partout. Alors que les négociations piétinent à Pointe-Aux-Outardes, le Syndicat des chauffeurs scolaires (CSN) a adopté à l'unanimité un mandat de grève de cinq jours le 15 novembre dernier. Guillaume Tremblay, président du Conseil central de la Côte-Nord–CSN, martelait dans un communiqué que les travailleurs veulent leur juste part des subventions que l'employeur a unilatéralement encaissées depuis le printemps dernier. Ces chauffeurs, au nombre de 17, sont sans convention collective depuis le 30 juin 2022.

Chez Autobus Robert sur la Rive-Sud de Montréal, la grande majorité des travailleurs ont voté en faveur d'une grève illimitée qui sera déclanchée le 28 novembre. Josée Dubé déclarait le 10 novembre que « le syndicat est rendu à négocier les clauses à incidences salariales et l’employeur n’entend pas verser la part des sommes qu’il a reçues du gouvernement afin de bonifier les salaires. »

Elle ajoutait que « comme dans presque tous les syndicats qui n’ont pas encore renouvelé leur contrat de travail, les salaires versés actuellement ne parviennent pas à attirer et à retenir les salariés nécessaires pour effectuer ses routes chaque jour. Et ce sont les enfants et leurs parents qui en paient le prix. »

Pendant ce temps, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, deux groupes de travailleurs du transport scolaire ont accepté le 15 novembre une offre incluant des concessions significatives de la part de leur patron. Les augmentations salariales varient en fonction des échelons, se situant entre 6% er 24% avec une rétroactivité à l'année 2022. Avec l'introduction d'une prime de reconnaissance, le salaire horaire des employés les plus anciens est porté à 25$.

« Nous sommes très heureux d’avoir été aux côtés et soutenu l’importante lutte de ces femmes et de ces hommes qui accomplissent un travail difficile chaque matin où des milliers d’élèves doivent se rendre à leur école, » avait déclaré Manon Tremblay, présidente du Conseil central des syndicats nationaux du Saguenay–Lac-Saint-Jean–CSN. « La mobilisation exemplaire de ces conductrices et conducteurs tout au long de leur grève a porté ses fruits et les membres peuvent être fiers d’avoir obtenu de tels gains. »

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