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Au Canada, des millions de travailleurs ont contribué au courant de leur carrière, sans le savoir et sans le vouloir, à la crise ayant actuellement lieu en Palestine. Bien que certains participent à la fabrication des armes responsables des ravages dans la Bande de Gaza, une préoccupation émerge des coulisses: des gestionnaires de fonds de pension collectifs utilisent les fonds de retraite des travailleurs canadiens pour soutenir financièrement cette industrie mortelle.
L’Occident produit, Israël appuie sur la gâchette
Bien que l'État d’Israël se trouve au 99e rang des pays les plus peuplés, il se trouve au 13e rang des plus lourdement armés. Une part notable de son arsenal est, sans surprise, importé des pays occidentaux, incluant le Canada.
Un rapport de 2009 de la Coalition to Oppose the Arms Trade (COAT) avaient à l’époque estimé qu’une centaine de compagnies canadiennes participaient à fournir du matériel à l’armée israélienne. La classe dirigeante canadienne ne cache pas qu'elle investit dans l'armement d'innombrables autres régimes dont les engagements en matière de droits de l'homme sont douteux: le scandale de la vente de chars à l'Arabie saoudite n'est qu'un exemple parmi d'autres.
À titre d'exemple, une de ces entreprises se situe à Montréal, dans l’arrondissement de Saint-Laurent. CAE (anciennement connu sous le nom Canadian Aviation Electronics Inc.), un joueur majeur dans l’équipement de formation dans l'aviation militaire à l’international, a 1000 employés à son siège social et 9000 autres ailleurs au Canada et dans le monde. Elle se spécialise dans la conception et la production de simulateurs de vol, et Israël est un de ses gros clients.
En 2011, CAE a signé une entente de collaboration stratégique avec l’armée israélienne, devenant ainsi le fournisseur principal de simulateur pour Aeronautics Defence Systems, un fabricant israélien de « véhicules » militaires aériens pilotés à distance, également connus sous le nom de drones.
Les fonds de retraite mettent de l’huile sur le feu
Que des multinationales dirigées par des oligarques tentent de profiter d’une guerre sans fin en surprendra peu, même si certains le seront de l’ampleur de l’engagement des élites canadiennes. Cependant, c’est l’implication des gestionnaires des fonds de retraite du pays qui pourrait susciter le plus les passions, alors qu'ils forcent les travailleurs à être complices d’une campagne de violence qui est de plus en plus considérée comme un génocide.
L'Office d'investissement du régime de pensions du Canada (OIRPC) a déclaré dans son rapport de 2012 que ses intérêts dans des entreprises militaro-industrielles fournissant des armes à l'armée israélienne s'élevaient à 3,3 milliards de dollars en investissements directs et indirects. Le Régime de pensions du Canada (RPC) n'est toutefois pas un cas unique. Les autres grands régimes de retraite du Canada détiennent en partie plusieurs de ces mêmes entreprises. En fait, les cinq plus grands régimes de retraite du Canada ont investi 6,5 milliards de dollars dans les 68 entreprises étudiées par COAT dans un autre rapport.
Un rapport annuel du 31 mars 2020 sur actions détenues par le RPC indique qu'à cette date, le RPC était impliqué dans au moins huit entreprises qui, selon une base de données des Nations unies, violent les droits de l'homme.
Un travailleur moyen du secteur public québécois cotisant à la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ)—dont le syndicat est actuellement en grève pour l’amélioration de ses conditions—pourrait avoir envoyé plus de 2000$ de son salaire à l’État israélien sous forme de matériel militaire au courant de sa carrière. Cette estimation provient de données datant de 2012, qui montraient que la CDPQ possédait des investissements à la hauteur de 1,3 milliard de dollars dans des compagnies qui fournissaient du matériel aux Forces de défense d’Israël. Ce montant s’approcherait aujourd’hui de 1,5 milliard.
La CDPQ et le RPC s’en vont en guerre
Si cette somme était distribuée également au sein des 6 millions de contributeurs au fonds de retraite de la CDPQ, chacun d’entre eux posséderait environ 250$ d’actions dans l’industrie militaire israélienne. En supposant un délai de 10 ans pour atteindre cette somme, chaque cotisant paie approximativement 15$ par an via les déductions du Régime des rentes du Québec, ainsi que 12$ par an via les Régimes de retraite du secteur public, au secteur militaire israélien.
Ainsi, la CDPQ et le RPC, comme d'autres fonds de pension canadiens, jouent un rôle majeur dans le circuit de l’armement avec ses investissements substantiels dans l’industrie de la mort qui contribue à l'escalade d'un conflit impérialiste datant de la Première Guerre mondiale. Si cette réalité est déjà problématique pour un préposé aux bénéficiaires, elle devient encore plus inquiétante pour les professionnels, par exemple dans les cégeps, dont les contributions pourraient doubler en raison de l’augmentation des salaires.
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