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Convention de CANSEC

Une convention de l’industrie des armes contredit l’image pacifique du pays

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Les 31 mai et 1er juin derniers, des marchands d'armes et des représentants gouvernementaux de plus de cinquante pays se sont réunis à Ottawa à l'occasion du plus grand salon de l'armement d'Amérique du Nord, rebaptisé à tort "Convention canadienne sur la sécurité" (CANSEC). De hauts responsables militaires du Canada et de ses alliés, ainsi que d'autres représentants de gouvernements, ont arpenté les allées de la convention pour nouer des contacts, acheter et vendre des armes. Pendant ce temps, à l'extérieur, des manifestants ont dressé des barrages le jour de l'ouverture de CANSEC, perturbant gravement l'accès à la convention.

Tamara, l'une des manifestantes, a déclaré à l'Étoile du Nord : "Des gens du monde entier... se réunissent ici chaque année pour vendre la mort et la destruction. Nous aussi, nous venons chaque année... Nous pensons que tant qu'ils vendront le chaos, la mort, la destruction et l'anéantissement, ils ne devraient pas pouvoir se promener dans leurs costumes en se sentant en sécurité et bienvenus".

Certains des plus grands fabricants d'armes de l'Occident et de ses alliés - Colt, General Dynamics, Bell Textron, Airbus, Lockheed-Martin, Raytheon, Elbit Systems, Thales, etc. De nombreuses entreprises du secteur des technologies et des services étaient également présentes pour vendre leurs services aux belligérants. Parmi les grands acteurs, citons Amazon Web Services (la principale source de revenus de la multinationale), Microsoft, Palantir, Deloitte et Google. D'autres fournisseurs de services de chaîne d'approvisionnement, de logistique et de services publics étaient également présents.

Les organisateurs de la convention, l'Association canadienne des industries de défense et de sécurité (AICDS), affirment que 75 % des participants ont un pouvoir d'achat et que plus de 50 % d'entre eux sont des représentants gouvernementaux. Parmi les orateurs principaux figuraient de hauts fonctionnaires canadiens tels que la ministre de la Défense Anita Anand et le ministre de l'innovation, de la Science et de l'Industrie François-Philippe Champagne. En d'autres termes, c'est à CANSEC que sont tirés les premiers coups de feu de l'industrie canadienne de la guerre, qui se chiffre en milliards de dollars.

Les conflits nouveaux et toujours plus nombreux sont une aubaine pour les fabricants d'armes nord-américains et leurs gouvernements complices. Alors que l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022 représentait une grande menace pour les populations des deux pays et pour le monde entier, les PDG des plus grands fabricants d'armes du monde y ont vu une énorme opportunité de gagner de l'argent.

Selon The Hill, le PDG de Lockheed-Martin, James Taiclet, a déclaré lors d'un appel aux actionnaires en janvier 2022 que la "concurrence renouvelée entre grandes puissances" entraînerait un gonflement des budgets de défense et des ventes supplémentaires. En effet, en juin 2022, le Canada a financé un transfert massif de richesses vers les fabricants d'armes en envoyant un demi-milliard de dollars d'armes à l'Ukraine. Le gouvernement a confirmé que l'arsenal canadien sera, bien entendu, reconstitué sans délai.

Plus près de nous, les fabricants d'armes canadiens et le gouvernement canadien soutiennent directement les efforts de répression policière dans des pays comme le Pérou et le Mexique. "Je suis ici pour protester contre la vente d'armes par le Canada au Pérou. Le peuple péruvien est dans la rue pour protester contre le coup d'État contre notre président. Ils ont déjà tué 70 manifestants dans les rues", a expliqué Maria, une manifestante péruvienne venue dénoncer le rôle du Canada dans le coup d'État contre le président Pedro Castillo et la violence répressive qui s'en est suivie.

Selon elle, le Canada a aidé à armer les forces de sécurité et les agences militaires péruviennes, mais s'est aussi rangé diplomatiquement du côté du gouvernement responsable des répressions meurtrières de mars 2023. Pedro Castillo, dirigeant syndical et ancien enseignant, est devenu impopulaire auprès des législateurs et de la société civile lorsqu'il a présidé à l'aggravation des crises inflationnistes et de la pauvreté dans le pays. Les Péruviens protestent aujourd'hui contre son éviction et sont confrontés à la violence meurtrière des forces de sécurité.

Le rôle autoproclamé du Canada en tant que gardien de la paix sur la scène mondiale est démentie par les conflits que son industrie de la mort a tout intérêt à voir s'envenimer et par les profits considérables qu'elle tire des massacres et des destructions généralisés dans le monde. Le Canada est confortablement installé au sein d'une alliance internationale qui, bien que dirigée par les États-Unis, permet aux marchands d'armes canadiens d'engranger d'énormes profits.

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