L'Étoile du Nord

Amazon contre les syndicats

Les travailleurs d’Amazon à Laval passent à l’offensive

Temps de lecture:3 Minute

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Les travailleurs syndiqués de l'entrepôt DXT4 d'Amazon à Laval ont voté à l'unanimité en faveur de la mise en œuvre de moyens de pression contre le monopoliste du commerce en ligne. Cette décision survient après trois mois de négociations stériles où Amazon a systématiquement balayé du revers de la main toutes les propositions mises de l'avant par le syndicat.

« Ce qu'on veut faire, » explique Félix Trudeau, président du syndicat de DXT4, « c'est des actions qui, de un, montrent à quel point les employés soutiennent le syndicat et ses demandes. De deux, des actions qui vont dénoncer l'attitude intransigeante d'Amazon. »

Au printemps 2024, les travailleurs de l'entrepôt de Laval ont marqué l’histoire en étant les premiers employés d'Amazon au Canada à se syndiquer. Leur syndicat est affilié à la Confédération des syndicats nationaux (CSN). S'ils parviennent à obtenir une convention collective, ils seront le premier syndicat Amazon au monde à le faire.

« [Amazon] ont dit explicitement en rencontre de négociation qu'ils s'attendent à ce que notre convention puisse servir de modèle à d'autres efforts de syndicalisation », raconte M. Trudeau. « Clairement, Amazon a un avantage à jouer dur avec nous. »

Des taux d'accidents stupéfiants dans les entrepôts d'Amazon

La santé et la sécurité constituent l'un des principaux thèmes des négociations, alors que le syndicat cherche à mettre en place un comité en charge de cet enjeu.

« Notre gros cheval de bataille, c'est la création d'un comité de santé-sécurité paritaire qui permettrait aux travailleurs d'avoir un vrai mot à dire sur les procédures de santé-sécurité au travail. Ce qu'on veut, c'est qu'à travers le syndicat, les travailleurs puissent exprimer c'est quoi les vrais risques pour leur santé et leur sécurité au travail, et qu'ils puissent apporter des solutions qui seront vraiment prises en compte », explique M. Trudeau.

Source: CSN

Le taux d'accidents du travail chez DXT4 est de près de 50%, selon les chiffres fournis par la direction de l'entrepôt. Au début de l'année, un rapport du Centre des travailleurs immigrants et du groupe de recherche GIREPS a révélé que 60% des travailleurs d'Amazon souffrent de troubles musculo-squelettiques et que 55% des travailleurs d'Amazon ont été témoins ou victimes d'un accident du travail.

Même en l'absence d'une convention collective, le syndicat travaille déjà sur le terrain pour s'attaquer aux problèmes liés aux accidents du travail. M. Trudeau a déclaré à l'Étoile du Nord que la CSN contribue également à la représentation des travailleurs accidentés à la CNESST.

Amazon prive les syndiqués de leurs augmentations

Pour ajouter l'insulte à l'injure, Amazon a puni les travailleurs de DXT4 en les excluant des augmentations de salaire de 1,50$ l'heure qu'elle a accordées en septembre aux travailleurs d'autres entrepôts de la région de Montréal, qui ne sont pas syndiqués.

La position du syndicat est que cela viole l'article 59 du Code du travail du Québec en modifiant les conditions de travail au cours des négociations.

« Pendant qu'il y a une négociation de première convention, ou à l'échéance d'une convention, il faut que ce soit business as usual dans l'entreprise, et business as usual, c'est quand un entrepôt reçoit une augmentation, tous les entrepôts reçoivent une augmentation. Pas pick and choose », a expliqué M. Trudeau.

Bien que cette exclusion soit injuste et peut-être même illégale, le syndicat se concentre sur l'ensemble de la question des salaires.

« Oui, 1,50$, ça aurait été bien de l'avoir, mais ce n'est pas la vraie augmentation qu'on veut. On veut une vraie augmentation pour se rendre éventuellement à 30$ de l'heure. Ce qu'on veut, c'est un salaire qui nous permet pas seulement de survivre, mais aussi de bien vivre, » a déclaré M. Trudeau.

« C'est grâce à nous que Amazon fait autant d'argent. Sans les travailleurs des entrepôts, Amazon, c'est rien. Que ce qu'on a besoin, ce qu'on veut, c'est un mot à dire. Notre meilleure chance pour les travailleurs d'avoir du pouvoir sur leurs conditions de travail, c'est à travers le syndicat et sa démocratie. »

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