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Jour de deuil

« Près de 5 décès au travail par jour au Canada »

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Il y a plus de 40 ans, le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) a adopté une résolution visant à faire du 28 avril un jour de deuil pour les travailleurs blessés ou tués. Quelques décennies plus tard, plus de 100 pays ont adopté la résolution, marquant officiellement le 28 avril comme jour de deuil pour les travailleurs.

Le 28 avril a été choisi comme clin d'œil à l'histoire du travail au Canada, puisque c'est le jour où la loi sur l'indemnisation des accidents du travail de l'Ontario a été promulguée en 1914. Cette loi, la première du genre, accordait aux travailleurs et à leurs familles une compensation financière pour les blessures et les décès liés au travail.

Plus de 100 ans plus tard, le Canada est toujours confronté à un nombre alarmant d'accidents et de décès sur le lieu de travail. Selon les chiffres de Statistique Canada, environ 1 000 Canadiens meurent chaque année sur leur lieu de travail, mais les défenseurs des droits des travailleurs affirment que ces chiffres sont bien plus élevés. « Nous parlons de près de cinq décès sur le lieu de travail chaque jour ouvrable au Canada », déclare Janice Folk-Dawson, vice-présidente exécutive de la Fédération du travail de l'Ontario (FTO). « Plus de mille décès par an, ce n'est pas une statistique dont le Canada peut être fier ».

Selon le gouvernement, si le décès ne s'est pas produit sur le lieu de travail, pendant les heures de travail, il ne compte pas. Même s'il résulte d'un accident du travail, « si le décès ne survient pas pendant les heures de travail et que vous mourez une semaine plus tard, il ne compte pas et passe à travers les mailles du filet », déclare Janice.

En Ontario, les demandes d'indemnisation pour les accidents du travail et les maladies professionnelles sont traitées par la Commission de la sécurité professionnelle et de l'assurance contre les accidents du travail (CSPAAT). Mais Janice explique que, comme pour l'assurance automobile, les demandes d'indemnisation peuvent être refusées: « Ce n'est plus un système d'indemnisation, c'est une assurance. Cela signifie que le gouvernement peut refuser les demandes d'indemnisation des travailleurs et que les statistiques sont une fausse représentation. Elles pourraient être 10 à 15 fois plus élevées ».

En 2023, par exemple, l'Ontario a enregistré à lui seul 2 540 décès liés au travail, mais la Commission de la sécurité professionnelle et de l'assurance contre les accidents du travail n'en a autorisé que 254. Le problème est particulièrement grave en ce qui concerne les décès dus à des maladies professionnelles, telles que le cancer et les maladies pulmonaires, qui peuvent souvent se développer longtemps après l'exposition initiale au danger. En 2023, les estimations de l'Ontario varient entre 1 610 et 5 150 travailleurs décédés de cancers liés au travail.

Mais les problèmes de santé à long terme ne donnent souvent pas lieu à des demandes d'indemnisation auprès de la CSPAAT. Le nombre d'accidents du travail et de maladies professionnelles dus à des travaux dangereux s'élève à plus de 350 000, mais seulement 176 500 cas ont été indemnisés par la commission d'assurance.

Alex Callahan, directeur national de la santé, de la sécurité et de l'environnement au Conseil canadien du travail, a déclaré à l'Étoile du Nord que « la plus grande préoccupation, c'est que la prévention n'est pas une priorité. En 20 ans, 23 affaires seulement ont été portées devant les tribunaux et deux personnes seulement ont été déclarées criminellement responsables. Les taux d'accidents et de décès ne diminuent pas et le message du gouvernement et des employeurs est que le statu quo est acceptable. Ce n'est pas le cas. Chaque travailleur a droit à un travail sécuritaire ».

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