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Journée internationale des travailleurs

Le premier mai, une journée pour se souvenir et pour lutter

Temps de lecture:3 Minute

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Cette année, la Journée internationale des travailleurs se tiendra après une année bien remplie. Du Front commun dans le secteur public au Québec à la formation historique d'un syndicat dans un entrepôt d'Amazon, en passant par plusieurs grèves dans le secteur privé et dans le secteur public partout au Canada, le mouvement ouvrier a su démontrer sa force.

Toutefois, celui-ci fait encore face à plusieurs attaques de la part du gouvernement canadien, des gouvernements provinciaux et du patronat, notamment sous la forme de réformes qui augmentent la « flexibilité » de la main d'œuvre. Le premier mai 2024 sera donc l'occasion pour diverses organisations d'unir leurs voix en opposition à ces attaques et pour célébrer les victoires obtenues cette année. 

La Journée internationale des travailleurs tire son origine de ces luttes qui opposent le mouvement ouvrier au patronat. Alexis Lafleur-Paiement, chargé de cours à l’Université de Montréal spécialiste des idées et des institutions politiques, explique, « à l'origine, la date du 1ᵉʳ mai était choisie par les travailleurs industriels américains dans le cadre d'une grande mobilisation qu'ils menaient dans les années 1880 pour exiger la journée de travail de 8 heures. »

C'est le 1ᵉʳ mai 1886 que quelques centaines de milliers de travailleurs industriels américains déclenchent une grève générale illimitée de 4 jours pour demander la journée de 8 h.

Aujourd'hui, les revendications autour du premier mai se sont élargies pour refléter l'ensemble des luttes ouvrières. « Les valeurs d'origine de la Journée internationale des travailleurs, c'est le combat contre le patronat et, plus largement, le combat pour les droits de la classe ouvrière. De nos jours, ce combat-là se poursuit, évidemment. Le 1ᵉʳ mai, c'est encore le moment où les travailleurs veulent faire valoir leurs droits, où ils veulent lutter de manière unie. De nos jours, au Canada notamment, le 1ᵉʳ mai est beaucoup plus pacifique. Mais son esprit revendicateur demeure, selon moi. »

Le premier mai est aussi une occasion de manifester en opposition aux attaques contre les travailleurs, comme le projet de loi 51 du gouvernement Legault ou la loi 124 du gouvernement Ford. « Avec l'inflation, la classe ouvrière est appauvrie. Il y a des attaques avec des projets de loi pour déconstruire l'État social et le système de santé. »

« Et donc le premier mai, c'est une occasion pour les travailleurs et les travailleuses de différents secteurs d'être conscients des attaques de l'État et du patronat et de se demander comment s'organiser collectivement, comment on porte des revendications, comment on met en place des stratégies qui nous permettent d'atteindre nos objectifs, et comment la classe ouvrière est en mesure de faire plier l'État et le patronat pour obtenir ce qui lui est dû. »

« Je pense que le 1ᵉʳ mai 2024 est aussi une bonne occasion pour réfléchir à l'unité entre les travailleurs du secteur public et du secteur privé. Et c'est aussi une bonne occasion pour réfléchir aux interventions qu'on pourra faire dans les conflits de travail à venir. Donc, possiblement chez Poste-Canada, dans les chemins de fer, au port de Montréal ou plus largement dans la fonction publique canadienne. Le 1ᵉʳ mai, pour moi, c'est le moment pour la classe ouvrière de se rassembler, de penser à son unité et de penser à ses combats à venir. »

Au Québec, le 1ᵉʳ mai est aussi la journée d'augmentation du salaire minimum. « Je pense que le gouvernement profite du 1ᵉʳ mai pour augmenter le salaire minimum depuis quelques années dans le but de diminuer la colère populaire, c'est-à-dire qu'on veut donner une contrepartie somme toute négligeable dans un contexte de forte inflation aux travailleurs, travailleuses, pour qu'ils se contentent de ces miettes-là. »

« Je pense qu'il ne faut pas se laisser avoir par l'augmentation du salaire minimum, qui est très insuffisante en contexte d'inflation. Je pense que la classe ouvrière ne doit pas être dupe et doit continuer à s'organiser et à être consciente que c'est uniquement par ses combats qu'elle va obtenir des gains substantiels et réels. »

Face aux tensions qui peuvent exister à l'intérieur du mouvement des travailleurs, Alexis souligne l'importance du caractère unitaire du premier mai. « C'est vraiment un moment de rassemblement, un moment pour être ensemble, pour faire une démonstration de la puissance de la classe ouvrière, un moment qui sert à galvaniser les travailleurs travailleuses, et donc qui prend la forme d'un immense défilé dans les grandes métropoles canadiennes, que ce soit à Vancouver, à Toronto ou à Montréal. »

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