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Alors que son parti connait une baisse importante dans les sondages, le superministre de la CAQ, Pierre Fitzgibbon a annoncé sa décision de quitter la vie politique après avoir complété la moitié de son mandat. L'ancien comptable a présenté sa démission la semaine dernière à son ancien camarade de classe du HEC, François Legault, avant de l'annoncer à ses électeurs de Terrebonne. Ce choix illustre bien la carrière politique de cet homme d'affaire, redevable d'abord et avant tout aux oligarques et autres richissimes entrepreneurs.
En 2021, alors ministre de l'Économie du gouvernement de la CAQ, Fitzgibbon avait été au cœur d'un scandale de corruption. Le comptable avait investi des fonds publics dans deux compagnies dont il était lui-même actionnaire. L'une d'elles, White Star Capital, connue pour ses activités dans les paradis fiscaux, avait ainsi reçu un investissement de 25M$ de la part du gouvernement.
Deux ans plus tôt, en 2019, Pierre Fitzgibbon avait présenté le PDG de White Star Capital à François Legault lors d'un voyage à Paris. Le super ministre possédait déjà à ce moment des investissements dans un des fonds de la compagnie.
La commissaire à l'éthique l'avait sommé de vendre ses actions, faute de quoi il se retrouverait dans une situation de conflit d'intérêts jugée inacceptable. Au lieu d'accepter, Fitzgibbon avait préféré se retirer temporairement de son poste de ministre.
Prétextant alors ne pas vouloir « nuire » à l'image de la CAQ, le superministre mentionnait aussi que se conformer à la lettre aux règles d'éthique de l'Assemblée nationale le forcerait à se départir d'une bonne partie de ses investissements.
François Legault avait pris la défense de son ami en prétextant que « tout le monde dans les affaires respecte Pierre Fitzgibbon ». Il avait même dit vouloir revoir les règles d'éthiques de l'Assemblée nationale pour accommoder le ministre.
Le début de la privatisation d'Hydro-Québec en héritage?
Fitzgibbon quitte la vie politique après avoir déposé son projet de loi 69 sur l'énergie qui ouvre la porte à la privatisation dans le secteur de l'électricité. Le projet de loi reflète bien l'objectif général de la carrière du politicien, donner davantage d'opportunités à ses amis PDG de s'enrichir à l'aide des institutions publiques.
Le projet de loi 69 permettrait la vente d'électricité par d'autres compagnies qu'Hydro-Québec. En effet, alors qu'il est permis de produire de l'électricité pour sa propre consommation, il est interdit d'en vendre. Or, le projet de loi 69 ouvre la porte à la vente d'électricité entre deux acteurs économiques à condition qu'ils occupent des lieux « adjacents ».
Avec son projet de loi, Fitzgibbon veut aussi donner le pouvoir au gouvernement de permettre à certains producteurs d'électricité d'exporter leur énergie sans avoir à la vendre à Hydro-Québec.
Le secrétaire général de la FTQ, Denis Bolduc a vivement critiqué cette approche. Il s'est exprimé dans un communiqué: « Le projet de loi no 69 met en péril la survie du filet social québécois, et nous ne pouvons entériner cette approche. Collectivement, nous avons le devoir de laisser aux générations futures une politique énergétique cohérente et durable. »