L'Étoile du Nord

Voxpop: Journée internationale des femmes travailleuses

Qu’avaient à dire les manifestantes ce 8 mars?

Temps de lecture:4 Minutes

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Cette année, la Journée internationale des femmes travailleuses a vu des dizaines de milliers de personnes descendre dans la rue à travers le Canada, ainsi que des millions dans le monde entier, à l'occasion d'une journée que Sydney Kondruss, membre de l'International Alliance of Theatrical Stage Employees (IATSE), décrit comme « ...un moment pour les femmes, en particulier les femmes travailleuses, de se réunir et de parler de divers points auxquels les femmes sont confrontées dans le monde du travail, puis de lutter pour l'égalité des droits entre hommes et femmes. ». L'Étoile du Nord a envoyé des journalistes aux manifestations du 8 mars dans différentes villes du pays pour découvrir ce que cette journée signifie pour les participants.

Le 8 mars trouve une partie de ses origines en 1917, lorsque des grèves générales militantes menées par des femmes à Saint-Pétersbourg, en Russie, ont vu des milliers de femmes et d'hommes descendre dans la rue pour réclamer de meilleures conditions de travail et des droits de vote égaux, une action qui a contribué à la chute du régime tsariste autoritaire et à la création de l'Union soviétique.

Marikit, membre du Gabriela Women's Party, a expliqué à l'Étoile du Nord l'importance de rappeler que, « lorsque nous parlons de la Journée internationale des femmes travailleuses au lieu de la Journée internationale des femmes, » c'est pour mettre de l'avant que « ce sont les femmes travailleuses qui sont à l'avant-garde de la libération et de la lutte, et ce ne sont pas les femmes bourgeoises ou les femmes PDG, qui oppriment d'autres femmes… »

Le Québec a sa propre histoire de lutte des femmes, avec la création de la Marche du pain et des roses en 1995 contre l'appauvrissement des femmes dans les communautés ouvrières et pauvres du Québec. Maryève Boyer, vice-présidente représentant les femmes au conseil d'administration de la FTQ, explique sa pertinence aujourd'hui : «...la marche du pain et des roses est à l'origine de la marche mondiale des femmes, dont on fêtera l'anniversaire l'année prochaine, en 2025. Je pense que c'était une lutte qui est encore d'actualité aujourd'hui. C'est encore les mêmes revendications qu'on a et malheureusement, même s'il y a eu quelques avancées, on voit qu'on peut reculer aussi. »

À Vancouver, Emily, de l'association United in Struggle, a expliqué à l'Étoile du Nord les problèmes auxquels les femmes sont toujours confrontées sur le lieu de travail : «Le programme des travailleurs étrangers temporaires en est un bon exemple : les migrants qui viennent ici pour travailler comme nounous, concierges, travailleurs agricoles, sont placés dans ces postes uniquement pour que les capitalistes puissent gagner plus d'argent, en nous maintenant à des salaires inférieurs...»

S'adressant à une foule à Winnipeg, Cambria Harris, du mouvement Search the Landfills, a interpellé les gouvernements provincial et fédéral pour leurs célébrations performatives du 8 mars : « Je ne comprends pas comment ces gouvernements peuvent prétendre célébrer nos femmes et notre diversité alors que des femmes autochtones gisent dans des poubelles... J'en ai assez des mots sans action, j'en ai assez de m'asseoir dans ces salles avec les élites et les politiciens! Ont-ils fait quelque chose? Non! »

À Toronto, l'Étoile du Nord s'est entretenue avec Reham, une employée palestinienne du Durham College, dont la nièce est actuellement bloquée à Rafah. Rafah est situé à l'extrémité sud de la bande de Gaza, où plus de 1,4 million de Palestiniens déplacés d'autres parties de Gaza ont trouvé refuge, car il avait été promis qu'il s'agissait de l'une des rares  « zones de sécurité » contre la campagne génocidaire d'Israël - que le gouvernement canadien et les fabricants d'armes ont activement soutenue. Cette promesse a récemment volé en éclats lorsque le régime sioniste a annoncé l'imminence d'une campagne terrestre sur Rafah.

Manifestation du 8 mars 2024 à Toronto

Reham a expliqué la situation de sa nièce et d'autres jeunes filles et femmes palestiniennes : « Elle ne peut malheureusement pas avoir accès à l'éducation dont elle a toujours rêvé. Nous parlons au nom de toutes les filles et nous nous tournons vers la communauté internationale pour lui demander: est-ce que vous nous considérez vraiment de la même manière que les autres? Est-ce que vous nous considérez vraiment de la même manière que vous considérez les autres femmes de ce monde? »

À Montréal, lorsqu'on lui a demandé quelles luttes historiques de femmes l'inspiraient, Rama Diallo, trésorière du Conseil central métropolitain de la CSN, a répondu : « Celle qui me vient le plus à l'esprit, ce sont les infirmières de Sainte-Justine qui se sont rebellées à un moment donné pour obtenir une bonne convention collective. » En 1963, 235 infirmières de l'hôpital Saint-Justine de Montréal ont déclenché une grève illégale pour réclamer de meilleures conditions de travail et une meilleure reconnaissance de la profession en général.

En réponse à la même question, Emily affirme: « Un autre grand exemple serait celui des travailleurs de l'hôtel Sheraton de l'aéroport de Vancouver, beaucoup de femmes, beaucoup de migrants, qui se sont battus contre la famille Lalji pendant 8 mois, leur piquet de grève a été très militant et je m'inspire beaucoup de leur combat. »


Maryève a souligné le rôle que jouent les femmes dans la lutte pour l'amélioration non seulement de leurs propres conditions de travail, mais aussi de celles de l'ensemble de la classe ouvrière: « Lorsque les travailleuses se battent et parviennent à transformer leur lieu de travail, elles le font pour tout le monde. L'histoire nous a appris que chaque fois que des luttes ont été remportées par des femmes, la condition des hommes s'en est trouvée améliorée. Il est donc très important de travailler ensemble pour parvenir à cette équité, à cette égalité. »

Crédit photo et couverture: Femmes de diverses origines
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