L'Étoile du Nord

Réforme de la construction et crise du logement

Un moratoire sur les condos de luxe au lieu du projet de loi 51?

Temps de lecture:3 Minutes

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Depuis quelques mois, confronté à une baisse de 32% des chantiers résidentiels, le gouvernement du Québec défend l'idée d'une plus grande « flexibilité » des travailleurs pour relancer la construction, notamment avec son projet de loi 51. À l'opposé, les défenseurs des locataires, dont le FRAPRU, demandent plutôt la construction de 50 000 logements sociaux.

Selon Richard Miron, de l'organisme l'En-Droit de Laval, construire de nouveaux logements sans penser à qui ils sont destinés n'est pas la solution. Il faudrait plutôt privilégier la construction de logements sociaux, puisque cela garantirait une meilleure qualité et accessibilité pour les locataires. Son organisme a d'ailleurs entrepris la construction de logement social pour ses usagers.

Tout comme les coalitions de défense des locataires, il demande la reconnaissance du droit au logement dans la Charte des droits et libertés de la personne, une proposition rejetée par la CAQ.

Il explique à l'Étoile du Nord que « l'enjeu, ce n'est pas tant de créer plein de nouveaux logements. C'est de s'arranger pour que les plus pauvres puissent avoir accès à leur propre logement, et que les logements qu'ils sont en train de se construire soient accessibles. Parce que là, on voit beaucoup de chantiers, mais c'est beaucoup des condos ou des logements au loyer trop élevé pour un jeune travailleur, par exemple. »

Source d'image: FTQ Construction

Le taux d'inoccupation moyen au Québec pour les logements locatifs est de 1.3%. Toutefois, pour les logements à bon marché, ce taux doit être revu à la baisse, selon Miron.

« Le taux d'inoccupation des taudis actuellement doit être près de 0%. Imagine-toi la concurrence que ça crée. Pourtant, il y a pleins de condos qui sont à louer. Pour les investisseurs, c'est pas grave si les condos restent vides parce qu'ils font leur argent avec la valeur spéculative. »

« Dans les taudis, la valeur spéculative, elle existe un peu, mais c'est plus serré. Là, vu que tu as une grosse concurrence pour des taudis, les taudis coûtent relativement cher pour ce qu'ils valent réellement. Finalement, tu te retrouves avec des logements qui sont hors de prix. »

Pour M. Miron, en termes de qualité d'habitation, le logement social est supérieur aux « taudis ». « Pour les nouvelles constructions de logement social, le gouvernement exige tellement que ça devient comme une barrière à en développer. Mais en même temps, tu te retrouves quand même avec un logement de qualité qui est construit. »

« À la vitesse où les condos sont en train de se construire, ça ne peut pas être de la qualité, et les taudis, c'est presque pas habitable. »

Le PL51 ferait donc fausse route. « C'est mal ciblé comme projet de loi. C'est pas les coûts du travail le vrai enjeu. Le vrai enjeu, c'est d'avoir un logement qui peut être accessible financièrement pour les différents secteurs de la population. »

« À un moment donné, c'est pas aux travailleurs à payer pour la crise du logement. Puis c'est pas aux immigrants non plus. En plus, le PL51 n'a aucune mesure pour contrôler les hausses des coûts de construction. »

Source d'image: utilisateur de Flickr « Caribb »

Miron pense qu'il faut revoir le type d'habitation que l'on construit en donnant la priorité au logement social.

« Premièrement, je pense qu'il faudrait créer un moratoire sur les condos de luxe. De toute manière, on sait qu'il n'y a aucun travailleur qui va y avoir accès. Ou très peu. Le fait qu'il y ait un moratoire sur les condos de luxe, ça permet de libérer des contracteurs pour construire d'autres types de logements. »

Revoir la façon d'allouer les contrats fait aussi partie de la solution.

« Je pense aussi qu'il faut créer un contracteur communautaire. Il y a le Fondaction de la CSN. Il y a le Fond de Solidarité de la FTQ. Ils pourraient contribuer avec des organismes communautaires, des groupes de ressources techniques et différents acteurs du communautaire pour faire ça. Ça permettrait à des régions qui veulent se prendre en main de le faire de façon indépendante. »


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