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Projet de loi 51

La qualité des projets de construction mise en danger par la « flexibilité » caquiste

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Aussitôt déposé, aussi critiqué, le projet de loi 51 (PL51) du ministre Jean Boulet sur le secteur de la construction a été très mal reçu par les syndicats de l'industrie. Ce projet de loi vise, entre autres, à décloisonner les métiers pour augmenter le genre de tâches qu'un employeur pourrait demander à ses travailleurs. Le projet de loi s'attaque aussi à la main d'oeuvre régionale en retirant l'obligation aux contracteurs d'embaucher de la main d'oeuvre locale.

Le PL51 est reçu comme une attaque au droit de négociation des travailleurs. En effet, s'il est adopté, la mobilité des travailleurs sera exclue des conventions collectives à partir de 2025. Dans un communiqué, Pierre Brassard, président de la CSN-construction, dénonce les impacts d'une telle mesure. « Limiter le droit de négocier la mobilité entre les régions risque de créer d’importantes tensions régionales lorsque le nombre d’emplois sera plus limité et que des travailleuses et des travailleurs sans emploi verront des personnes d’autres régions travailler près de chez eux ».

Le décloisennement des métiers proposé par le PL51 est présenté par la CAQ comme une solution à la pénurie de main d'oeuvre qui frappe l'industrie. Toutefois, cette mesure risque d'avoir un impact sur la qualité des travaux menés. Selon la FTQ-Construction qui représente 80 000 travailleurs de la construction, il faut faire un choix entre la polyvalence demandée par la CAQ et le travail qualifié et de qualité.

En effet, le PL51 permetterait aux compagnons d'effectuer des tâches à l'extérieur de leur métier. Ainsi, « comment demander à des gens non formés dans leur métier ou occupation ou n’ayant pas toutes les compétences du métier de devenir polyvalents en exerçant les tâches d’un autre métier ou occupation? ». C'est ce que soulève la FTQ-Construction dans son mémoire sur le PL51.

Selon Brassard, c'est une mesure qui ne satisfait que les patrons. « Ce n’est pas en pressant le citron de celles et de ceux qui sont déjà en place qu’on va y arriver. Ça va prendre des milliers de nouvelles personnes compétentes [...] la demande de “flexibilité” des entrepreneurs en construction, qui se retrouve en partie dans le projet de loi, est une position à courte vue. »

Le 12 mars, la FTQ-Construction a manifesté devant l'assemblée nationale à l'occasion de la comission parlementaire sur le PL51. Les portes paroles ont dénoncé ce qu'ils considérent comme une loi « patronale » imposée par un gouvernement « anti-syndical ».

« On est ici à matin pour se faire entendre, après ça on vas continuer à faire la lecture du projet de loi point par point. On va continuer à marteler l'opposition et la CAQ. On va protéger vos emplois régionaux, on va protéger vos métiers, on va continuer à la FTQ-construction d'être fiers de nos métiers », lançait au micro Éric Boisjoly, le président de la FTQ-construction.

La réforme comporte aussi plusieurs angles morts. Par exemple, il n'y est pas question d'interdire le recours au briseurs de grève dans l'industrie. « Alors que le fédéral est en train d’interdire le recours aux briseurs de grève pour les secteurs de compétence fédérale, le secteur de la construction deviendra bientôt le seul au Québec où l’on peut recourir à des scabs en toute légalité. C’est inacceptable », dénonce Caroline Senneville, présidente de la CSN.

Il n'y est aussi pas question de moderniser le processus de choix de syndicat et de vote pour les travailleurs qui se fait toujours par la poste. 

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