L'Étoile du Nord

Amazon contre les syndicats

Victoire pour les travailleurs d’Amazon devant le Tribunal administratif du travail 

Temps de lecture:2 Minute

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Le Tribunal administratif du travail (TAT) a rendu sa décision contre les pratiques antisyndicales d'Amazon dans un entrepôt de la région de Montréal. La décision rendue aujourd'hui établit qu'Amazon a illégalement empêché les travailleurs de son entrepôt YUL2 à Lachine de former un syndicat.

Le TAT a ordonné à Amazon de retirer ses affiches antisyndicales omniprésentes et les messages électroniques de l'entrepôt, de ne publier aucune déclaration dénigrant l'effort de syndicalisation et d'informer tous les travailleurs de l'entrepôt de la décision prise à son encontre. Amazon doit également verser 30 000 dollars de dommages moraux et punitifs à la CSN, le syndicat qui cherche à représenter les travailleurs de YUL2.

L'affaire a été portée devant le TAT il y a un peu plus d'un an, lorsque la CSN a déposé une plainte concernant l'ingérence d'Amazon dans la campagne syndicale en cours à l'entrepôt de Lachine. La plainte portait également sur l'utilisation par Amazon de menaces et d'intimidation pour contraindre les travailleurs à ne pas signer de carte syndicale.

Les efforts de syndicalisation à YUL2 ont commencé en 2022. Alors que la campagne prenait de l'ampleur, les travailleurs ont remarqué que des messages antisyndicaux apparaissaient sur des affiches, des prospectus et des écrans numériques dans l'ensemble de l'entrepôt. Amazon a également fait appel à du personnel chargé des « relations avec les employés » pour interroger les travailleurs sur la campagne syndicale pendant qu'ils essayaient de travailler.

Seth Goldstein, avocat du syndicat Amazon Labor Union aux États-Unis, a expliqué l'effet de ces interrogatoires impromptus: « Ils se promènent sur le sol et font perdre leur tâche aux travailleurs, ce qui entraîne parfois une baisse de productivité. » Dans un environnement de travail sous pression comme celui d'Amazon, où les mesures de productivité peuvent à elles seules conduire à un licenciement, les travailleurs sont poussés à éviter de telles interruptions.

Un organisateur de YUL2 a témoigné que ces grillades sur le sol avaient eu pour effet de l'isoler de ses collègues de l'entrepôt. Les travailleurs ne voulaient plus lui parler s'ils risquaient d'être interrompus par le service des relations avec les employés d'Amazon.

Bien que le TAT ait conclu qu'Amazon avait illégalement entravé la campagne syndicale, il n'a pas confirmé les accusations d'intimidation formulées par la CSN. Néanmoins, la décision en faveur du CSN est une victoire symbolique importante pour les travailleurs contre le géant du commerce électronique.

« Comme la victoire de la campagne de syndicalisation à DXT4 [à Laval], cette décision prouve qu'Amazon n'est pas invincible », affirme Félix Trudeau, président du Syndicat des travailleurs d'Amazon de Laval, qui est également affilié à la CSN. 

« Malgré leurs efforts, ils ne parviennent pas à empêcher les travailleurs de se syndiquer. Parce qu'au final, on se rend compte que le syndicat est notre meilleur outil pour défendre nos intérêts et améliorer significativement nos conditions de travail. »

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