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Le vendredi 14 juin, Amazon a affronté la CSN devant le Tribunal administratif du travail (TAT) du Québec. Dans une tentative désespérée d'échapper à son obligation de négocier avec les travailleurs du nouveau syndicat de son entrepôt DXT4 à Laval, Amazon conteste la validité de l'accréditation du syndicat. L'Étoile du Nord était présente à l'audience.
Au cours de la matinée, Amazon a fait valoir que le Code du travail du Québec viole la Charte canadienne des droits et libertés en autorisant la reconnaissance des syndicats sur la base de la signature de cartes syndicales par une majorité de travailleurs, un mécanisme connu sous le nom de « vérification des cartes » ou de « card check ».
Amazon a également mis en doute le fait que le TAT ait correctement examiné les preuves soumises par le CSN pour démontrer qu'une majorité de travailleurs de l'entrepôt avaient signé des cartes syndicales.
Le géant du commerce électronique a affirmé qu'il avançait ces arguments par souci pour les employés qui ne veulent pas de syndicat. Selon Amazon, ces travailleurs sont victimes d'une violation de leur droit à la liberté d'association.
Un avocat du Procureur général du Québec a mis en doute la capacité d'Amazon à déposer une plainte constitutionnelle au nom des travailleurs, notant qu'aucun travailleur n'avait lui-même déposé une telle plainte. On s'est également demandé si Amazon, en tant qu'employeur, était en mesure de défendre les intérêts de ses travailleurs.
De toute évidence, les employeurs comme Amazon ont intérêt à limiter la capacité de leurs employés à défendre leurs intérêts. Amazon est également connu pour ses mauvaises conditions de travail et ses pratiques antisyndicales.
Dans chaque juridiction où des travailleurs ont réussi à former un syndicat dans un entrepôt d'Amazon, Amazon a tenté d'empêcher ou de retarder le processus. À Staten Island, à New York, les travailleurs de l'entrepôt JFK8 ont voté en faveur de la syndicalisation en mars 2022. Amazon a contesté le vote, ce qui a retardé l'accréditation du syndicat jusqu'en janvier 2023.
Ces travailleurs n'ont toujours pas de convention collective. Entre-temps, Amazon s'est lancée dans une croisade contre le National Labor Relations Board des États-Unis.
À Coventry, en Angleterre, Amazon a tenté d'empêcher la création d'un syndicat dans l'un de ses entrepôts en embauchant 1 300 nouveaux travailleurs. Cette mesure a dilué la majorité durement acquise par le syndicat et l'a contraint à s'adresser au Comité central d'arbitrage pour obtenir le droit de procéder à un vote.
Amazon n'a écrasé la syndicalisation de manière décisive dans aucun de ces trois pays, mais tout porte à croire qu'ils continueront d'essayer. Pour l'instant, les travailleurs d'Amazon à Coventry et à Staten Island bénéficient de décisions favorables rendues par des juges et des arbitres qui ont interprété le droit du travail de manière à protéger leur droit de se syndiquer. Il pourrait en être de même au Québec si le TAT se prononce en faveur de la CSN et des travailleurs de DXT4.
Toutefois, les gouvernements du Québec, du Royaume-Uni et des États-Unis ont manifesté des sympathies pour les entreprises et une hostilité à l'égard des syndicats. Les travailleurs qui comptent sur les tribunaux et les gouvernements pour protéger leurs activités pourraient se retrouver dans une position précaire si ces institutions se retournent contre eux.
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