Les travailleurs britanniques s’attaquent à Amazon

Amazon est dans la tourmente: après que les travailleurs de Staten Island aient imposé leur premier syndicat à la multinationale l'année dernière, les travailleurs britanniques résistent à leur tour. "Nous nous sommes attaqués à un géant", explique Darren Westwood au journaliste de l'Étoile du Nord présent à Coventry. À l'occasion du Prime Week qui se déroulait mardi et mercredi, environ 1000 travailleurs ont entamé une grève de trois jours, du 11 au 13 juillet. Sur le piquet de grève, un travailleur arborait une pancarte portant le slogan bien connu du syndicat: "Je ne suis pas un robot".

Darren Westwood est un travailleur du centre de traitement de BHX4 à Coventry, et un représentant du syndicat GMB pour Amazon dans les régions du Midland en Angleterre. Avec Garfield Hylton, travailleur de BHX4 depuis 5 ans et représentant du GMB dans l'entrepôt, ils ont participé à 22 journées de grève depuis le début de l'année. "Nous disposions d'une base solide au départ et nous nous sommes serré les coudes", explique M. Westwood. "Le premier débrayage et les grèves qui ont suivi nous ont permis de constituer, au sein de BHX4, un groupe de travailleurs capables d'affronter Amazon."

Avant l'action de cette semaine, un vote de grève soutenu par 98 % des travailleurs de l'entrepôt avait été organisé à la fin de 2022, et un arrêt de travail avait été déclenché au début de 2023. Cette action a marqué un moment historique pour les travailleurs britanniques d'Amazon: la première grève contre l'entreprise. Selon M. Hylton, "les gens commencent à prendre leur courage à deux mains et à se dire: 'La sécurité est dans le nombre, rassemblons-nous...' On ne peut pas ignorer autant de gens qui disent que ça ne va pas". Depuis le début de la campagne, les travailleurs de l'entrepôt BHX4 ont obtenu plusieurs avantages.

Des représentants des travailleurs formés jouent désormais un rôle crucial sur le placher, assurant leur présence lors des discussions disciplinaires et des conversations entre la direction et les travailleurs. En outre, la campagne a, pour l'instant, abouti à des augmentations de salaire progressives et à un supplément de 500 dollars pour le coût de la vie, bien que cela soit à condition d'une certaine présence au travail. Le système d'avertissement a fait l'objet d'une révision complète, en particulier à BHX4. De plus, les cadres ne sont maintenant plus sur le placher, où ils avaient l'habitude de surveiller étroitement les travailleurs et de faire pression sur eux. 

Cependant, la confrontation entre les travailleurs et le géant de la distribution a commencé plus tôt, à l'été 2022, lorsque l'entreprise a proposé une augmentation de 50 pence, laissant leur salaire très proche du minimum national. Les travailleurs réclament aujourd'hui une augmentation à 15£, qu'ils considèrent comme le minimum pour une vie décente. L'environnement de travail extrêmement stressant est également en cause, comme l'explique Garfield: "Ils peuvent vous surveiller, à la minute, à la tâche - c'est du micromanagement".

L'entreprise fait également preuve de très peu de respect pour les conditions des travailleurs. Une employée de BHX4, dont le mari était décédé il y a quelques années, a dû mettre en gage son alliance à deux reprises, malgré ses heures supplémentaires, parce qu'elle ne pouvait pas subvenir à ses besoins avec son salaire actuel. Sabrina, une autre travailleuse de BXH4, avait eu une journée particulièrement stressante et son rythme cardiaque semblait inquiétant, de sorte que la direction a appelé un taxi pour l'emmener à l'hôpital, où elle a fait une crise cardiaque. À son retour au travail, elle a reçu un avertissement pour le temps qu'elle avait manqué.

Un autre employé, Nick, explique: "J'ai eu un cancer il y a trois ans, j'ai été convoqué à une réunion et j'ai reçu un avertissement parce que je n'avais pas respecté le délai de congé de trois mois et demi. Si je n'avais pas pris ce congé, je serais mort". Hylton et Westwood faisaient partie des représentants syndicaux formés pour soutenir les travailleurs dans ces situations, et ils peuvent désormais affronter la direction de la mutinationale: "Nous leur disons pour la première fois que 'vous enfreignez la loi' et ils n'aiment pas ça."

"Nous sommes en train de les ébranler", s'exclame Garfield Hylton. Darren Westwood ajoute que "c'est une source d'inspiration pour tous ceux qui travaillent dans de petites entreprises. Nous nous battons. Nous pouvons gagner. Nous ne nous contenterons pas d'une réponse négative".