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Réduction du pouvoir d’achat

Les travailleurs d’Amazon de plus en plus pauvres

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Trois ans après l'inauguration en grande pompe du premier entrepôt d'Amazon au Québec en juillet 2020, les éclatantes promesses d'emplois de qualité et l'enthousiasme affiché par les élus semblent n'avoir été que de la poudre aux yeux. Suite à une analyse des salaires de l'entreprise, l’Étoile du Nord révèle que le géant de l'e-commerce pratique des compressions salariales au détriment de ses employés de la région métropolitaine.

Selon les données salariales qui nous ont été rapportées par plusieurs employés, lesquels sont d'ailleurs engagés dans un processus de syndicalisation, la multinationale n'aurait aucune gêne à appauvrir ses travailleurs du Québec. Dans son communiqué de presse concernant ses nouvelles installations, Amazon affirme vouloir "investir au Québec et donner à ses employés des emplois intéressants et sécuritaires, ainsi qu’un avenir meilleur".

Par ailleurs, Jean-François Héroux, directeur de site pour Amazon Canada, ajoutait que l'entreprise allait "[offrir] à nos merveilleux salariés des occasions de développement de carrière incroyables par le biais de programmes de formation en cours d’emploi et de perfectionnement des compétences, afin qu’ils concrétisent leurs objectifs professionnels."

Angelo Iacono. Crédit photo: @OSCE Parliamentary Assembly

Le député fédéral Angelo Iacono commentait en janvier 2021 que l’implantation d’Amazon était « une bonne nouvelle pour la circonscription d’Alfred-Pellan ainsi que pour notre économie régionale. Le chemin est encore long au Canada pour un retour aux niveaux d’emploi pré-pandémiques, mais nous sommes encouragés par la résilience extraordinaire dont fait preuve la conjoncture économique à Laval. La création de nouveaux emplois dans l’est de l’Île envoie sans aucun doute un signal positif à tous les travailleurs lavallois ».

Malgré ces promesses, en comparant les données salariales obtenues aux données sur l'inflation, il est évident que les allégations de l'entreprise monopolistique ne tiennent pas la route. Le pouvoir d'achat des travailleurs d'entrepôt a baissé de 1.08$ par heure travaillée, soit 6.1% du salaire d'entrée de 17.60$ lors de l'ouverture du premier centre de tri dans la province, et ce en dépit du transfert de bonus marginaux en actions vers une hausse de ce salaire à 19$ en 2022.

Valeur réelle du salaire d'un travailleur d'Amazon depuis 2020.

Pour fins de référence, le salaire médian au Québec en 2022 pour cette catégorie d’emploi au sein du même secteur économique se situe à 21$ de l’heure. Pour la même période, quoique bien moins marquée que chez Amazon, la valeur réelle de ce salaire médian a elle aussi subi une tendance à la baisse.

La ferveur antisyndicale d’Amazon frappe dans la Belle Province alors que l’entreprise s’est mise à exécuter des représailles contre les travailleurs tentant de mettre fin à la dégradation de leurs conditions. Même avec ces pratiques illégales, la motivation demeurerait élevée chez les employés militant pour une affiliation avec la CSN dans plusieurs des entrepôts de la région métropolitaine.

En effet, une victoire exemplaire à New York en avril 2022 a démontré la possibilité de venir à bout de cette entreprise n’ayant aucune gêne à dépenser 4.3M$US durant l’année 2021 en consultation antisyndicale.

Par ailleurs, les travailleurs d’Amazon du Montréal métropolitain ne sont pas les seuls au Canada à avoir initié un combat contre cette entreprise possédant plus de la moitié de la part de marché du commerce en ligne au pays. Unifor a lancé le 22 juin une campagne de syndicalisation dans la région de Vancouver et les Teamsters font eux aussi des efforts d’accréditation en Alberta ainsi qu’à Hamilton en Ontario. ​

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