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Début janvier, l'International Students and Skilled Workers Union (ISSU) a organisé un piquet de grève d'une journée devant la chaîne de restaurants My Indigo, à Winnipeg, pour exiger le paiement de plus de quatre mois de salaires impayés aux travailleurs de l'établissement.
L'ISSU avait rencontré l'employeur à la mi-décembre et l'avait convaincu de rembourser les salaires. Cependant, l'employeur a depuis cessé de répondre et jusqu'à dix travailleurs n'ont toujours pas été payés.
L'Étoile du Nord s'est entretenue avec un représentant de l'ISSU qui a expliqué que, pour les travailleurs nouvellement arrivés dans le pays, le problème du vol de salaire est très répandu, faisant écho à une conclusion similaire à celle du rapporteur spécial des Nations unies dans son rapport final sur le Programme des travailleurs étrangers temporaires du Canada, publié à l'été 2024.
« Je ne vous paierai pas un seul centime »
Le représentant de l'ISSU a expliqué que l'employeur « faisait de fausses promesses, comme “je paierai la semaine prochaine”, “je paierai un jour”... [les travailleurs] avaient l'intention de rendre visite à leur famille [en Inde], ils ont donc organisé une réunion avec lui et il s'est montré très impoli avec eux ».
« Il a été convenu qu'il paierait la moitié de la somme avant que les travailleurs n'aillent en Inde rendre visite [à leurs familles] et qu'il paierait l'autre moitié dans deux mois. Il a accepté cette situation, mais il n'a rien payé. Il n'a pas répondu. »
Les travailleurs pouvaient déposer une plainte relative aux normes d'emploi auprès du gouvernement provincial. Cependant, l'ISSU a expliqué que « la personne qui dirige une entreprise ici a l'argent pour se permettre ces choses, mais les travailleurs qui ne sont pas payés, comment peuvent-ils se le permettre ? Ils doivent se rendre au tribunal, ils doivent s'absenter de leur travail, et ils souffriront davantage. »
Quatre travailleurs de My Indigo ont décidé de s'exprimer et ont contacté l'ISSU avec des preuves de vol salarial les concernant, eux et plusieurs autres, sur deux périodes, avant et après le mois d'août 2024. Au cours de cette période, il y a eu un changement de direction et le nouvel employeur a dit aux travailleurs : « Je ne suis responsable que des salaires versés lorsque j'ai repris l'entreprise ».
L'ISSU a expliqué : « Nous nous battons pour ces deux périodes, avant et après le mois d'août. »
« Ce n'est pas le problème d'un seul restaurant ou d'une seule entreprise »
Le représentant de l'ISSU ajoute : « Beaucoup d'immigrants et de nouveaux arrivants [...] ne vont pas prendre position parce qu'ils s'inquiètent de leur statut d'immigration, parce qu'ils travaillent avec leur employeur pour obtenir les documents nécessaires à l'obtention de leur résidence permanente, et qu'ils subissent des pressions [...] ». « Si vous agissez, nous ne vous fournirons pas les documents nécessaires ».
L'objectif de l'ISSU selon le représentant est le suivant : « Nous essayons d'éduquer davantage de travailleurs, d'immigrants et de nouveaux arrivants, en leur expliquant que c'est leur droit d'avoir le papier pour lequel ils travaillent. Ce n'est pas [l'employeur] qui vous le fournit, c'est un droit que vous avez ».
Le représentant de l'ISSU se dit frustré par les récentes modifications apportées par le gouvernement fédéral à la politique d'immigration du Canada, qui restreindront la capacité de nombreux nouveaux arrivants à rester et à travailler dans le pays. Il a déclaré que les nouveaux arrivants « n'ont pas eu assez de temps pour s'y préparer ».
« Le gouvernement joue avec les gens... Ils ont besoin de rester au pouvoir, chaque parti politique, et peut-être même chaque politicien, a besoin d'être au pouvoir, vous savez ? ... L'économie est en baisse et les étudiants étrangers sont accusés de tous les maux. Mais tous suivaient une voie légale pour rester au Canada. Ils ont investi leur temps, loin de leur famille, ils ont investi cinq ans [dans leurs études], ils ont investi toutes leurs économies. »
« Je pense que les travailleurs sont les mêmes partout. Nous ne devrions pas diviser les travailleurs entre citoyens et immigrants. C'est comme si le gouvernement jouait sur les mots. Les travailleurs sont les mêmes, ils contribuent tous à l'économie canadienne et au fonctionnement du système. »