L'Étoile du Nord

Fermeture des entrepôts d’Amazon

Piquet des travailleurs devant l’entrepôt de Laval

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Amazon a officiellement fermé son entrepôt DXT4 à Laval le vendredi 7 février. Le 9 février, les travailleurs et leurs sympathisants se sont rassemblés devant l'entrepôt pour une première journée de piquetage. Ils ont exigé une compensation adéquate pour tous les travailleurs renvoyés, y compris les nombreux travailleurs temporaires et chauffeurs qui n'ont pas reçu d'indemnités de départ. 

DXT4 était le premier des sept entrepôts d'Amazon à être fermé au Québec, la multinationale ayant décidé de sous-traiter ses services dans la province. C'était le premier et le seul entrepôt syndiqué d'Amazon au Canada.

L'Étoile du Nord s'est entretenue avec Uguelin Jean-Baptiste, un travailleur de l'entrepôt DXT4 syndiqué, au sujet de la fermeture. Jean-Baptiste a souligné l'importance de la lutte des travailleurs pour la démocratie sur leur lieu de travail.

« On a osé de faire un syndiquer au sein d'Amazon, et c'est la raison pour laquelle ils ont pris la décision de fermer leur porte, parce qu'ils estiment qu'on n'a pas le droit à des meilleures conditions de travail ,» a-t-il déclaré. « Parce que nous réclamons des meilleures conditions de travail, nous réclamons un salaire approprié, nous réclamons des conditions de travail qui vont éviter des blessures tous les jours, toutes les semaines, au lieu de nous accorder des conditions de travail approprié à notre sécurité, ils décident plutôt de fermer leur porte. »

Le fait que DXT4 ait été le premier à fermer ses portes n'a pas échappé aux travailleurs ni au syndicat. C'était la dernière option pour l'entreprise après une tentative de près d'un an d'affaiblir, de discréditer et d'ignorer le syndicat et les demandes de ses travailleurs. Elle a notamment fait appel du vote syndical, contesté le Code du travail québécois devant les tribunaux, refusé de négocier de bonne foi, accordé des augmentations de salaire exclusivement à ses entrepôts non syndiqués et s'est finalement retirée de la province avant qu'une négociation arbitrée ne lui soit imposée. 

Jean-Baptiste a souligné l'importance d'une réponse sociétale à l'attaque d'Amazon contre les travailleurs québécois : 

« Ça va être une mauvaise précédent, si il n'y a pas une initiative de boycott auprès du gouvernement et même la population, ça va être un mauvais précédent pour la suite dans la société québécoise. »

Il a conclu que la réponse du gouvernement avait été insuffisante jusqu'à présent.

Les piquets en cours visent à maintenir la mobilisation et la cohésion des travailleurs afin qu'ils puissent poursuivre la lutte. Wesley Marceau, vice-président du syndicat de DXT4, explique qu'ils permettent également aux travailleurs d'en savoir plus sur l'accès aux services de l'emploi. 

Les piquets de grève seront l'une des nombreuses tactiques employées par le syndicat et les organisations communautaires en réponse aux fermetures. Le 8 février, l'organisation syndicale Alliance ouvrière a occupé un entrepôt appartenant à Intelcom, qui s'apprête à prendre en charge les livraisons d'Amazon dans la province. 

La Confédération des syndicats nationaux (CSN), à laquelle appartient le syndicat des travailleurs de DXT4, prévoit une grande manifestation à Montréal le 15 février. Cette manifestation a pour but de faire pression sur les gouvernements provincial et fédéral pour qu'ils coupent les liens commerciaux avec Amazon. Des dizaines de millions de dollars de fonds publics sont consacrés à des contrats avec Amazon Web Services.

« Le gouvernement provincial fait semblant de soutenir ce mouvement et agit comme s'il voulait peut-être participer au désinvestissement, alors qu'en réalité, ils auraient pu le faire dès l'annonce », déclare Louisa Worrell, co-porte-parole de la campagne Here We Boycott Amazon. « Ils auraient pu montrer qu'ils sont vraiment là pour représenter les intérêts du peuple, mais au lieu de cela, ils font semblant et continuent à donner de l'argent à cette entreprise qui vient de nous cracher à la figure. »

Louisa Worrell a réitéré la nécessité pour les travailleurs et les citoyens concernés de rester mobilisés et de maintenir la pression sur le gouvernement :

« Je sais que les gouvernements réagissent lorsque le peuple se soulève. La seule façon d'obtenir une réponse du gouvernement est donc de continuer à rassembler les gens autour de ce mouvement et de continuer à soutenir les travailleurs dans leur lutte. »

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