L’éducation publique affamée par les Conservateurs

Grève des enseignants partout en Alberta sous la menace d’une loi spéciale

Depuis le 6 octobre, les 51 000 enseignants de l’Alberta sont en grève partout dans la province. Lundi, le gouvernement provincial devrait déposer un projet de loi pour les forcer à retourner au travail.

Quelque 740 000 élèves des écoles publiques, catholiques et francophones sont touchés. Les enjeux principaux du conflit sont les salaires et les conséquences du sous-financement chronique de l’ publique par le gouvernement UCP: la surcharge de travail, la taille des classes, le manque de ressources scolaires et le besoin urgent d’embaucher davantage d’enseignants.

Jason Schilling, président de l’Alberta Teachers Association (ATA), a déclaré qu’une loi forçant le retour au travail serait « antidémocratique et profondément irrespectueuse envers les enseignants, les élèves et le processus même de négociation collective ».

La plus récente offre de médiation proposait une augmentation salariale de 12% sur quatre ans et l’embauche de 3 000 enseignants supplémentaires. Mais les salaires ont chuté de façon marquée face à l’, et ces nouveaux postes seraient absorbés par les 250 nouvelles écoles promises par le gouvernement et par la croissance annuelle de 33 000 élèves.

Les enseignants ont rejeté massivement cette offre, alors que 89,5% ont voté non à la fin de septembre. Les pourparlers ont repris le 14 octobre, mais aucun changement n’est attendu dans la position de l’employeur.

Les commissions scolaires négocient collectivement par l’entremise d’un conseil regroupant les 65 commissions, mais leurs budgets sont étroitement contrôlés par le gouvernement. En juin, 95% des membres de l’ATA avaient voté en faveur de la grève. Le gouvernement, lui, n’a mené aucune négociation sérieuse pendant tout l’été.

Si son objectif était de retourner l’opinion publique contre les enseignants, il a échoué. Le 4 octobre, deux jours avant le début de la grève, d’importants rassemblements pro-enseignants ont eu lieu dans la province: on estime à environ 18 000 personnes la foule à Edmonton et à 5 000 celle de Calgary.

Un sondage Angus Reid indique que près de 60% de la population appuie les enseignants, contre seulement 21 % en faveur du gouvernement UCP.

Après le début de la grève, le gouvernement a annoncé des paiements de 30$ par jour aux parents d’enfants de 12 ans et moins pour la durée du conflit, ainsi que des programmes d’apprentissage à domicile en ligne, dont une part importante de contenu américain.

Depuis son arrivée au pouvoir en 2019, le gouvernement UCP a continuellement réduit le financement des écoles publiques. Le financement par élève est désormais le plus bas au Canada, tandis que l’aide publique aux écoles privées est la plus élevée du pays.

Tout indique que le but du gouvernement UCP est d’affaiblir toutes les composantes du système public afin d’inciter les parents à se tourner vers les écoles privées ou l’enseignement à domicile. En 2018, la première ministre Danielle Smith affirmait qu’il fallait trouver un moyen de « briser le monopole » du système public d’éducation.

Lors de son dernier congrès, le parti UCP a adopté une résolution visant à démanteler l’Alberta Teachers Association, en transférant ses fonctions réglementaires et disciplinaires à un autre organisme et en rendant l’adhésion à l’ATA facultative.

Mise à jour sur la grève

  • Une autre séance de négociation a eu lieu jeudi, mais la province a rejeté la plus récente offre de l’ATA, que le ministre des Finances a qualifiée de « viser la lune ».
  • Nate Horner, ministre des Finances, a déclaré que la province envisageait maintenant une loi de retour au travail lorsque l’Assemblée législative reprendra ses travaux.

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