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Le premier ministre québécois demande l’arrêt de la grève

La CAQ se soucie des enfants (mais pas trop, quand même)

Temps de lecture:2 Minute

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Et voilà. Malgré tous les efforts faits par la CAQ pour se donner des airs de gouvernement conciliant et à l'écoute durant la crise de la COVID-19, c'est fini. Nous sommes de retour à la bonne vieille rhétorique des élites qui se moquent des travailleurs. Les professeurs sont en grève? « Mais avez-vous pensé aux enfants? » de se lamenter François Legault devant l'assemblée nationale.

Il vaudrait peut-être mieux écouter notre premier ministre, mais ne pas l'imiter. Son gouvernement était dénoncé en début novembre pour sa décision de maintenir le ratio de 50 % d’éducatrices qualifiées dans les services de garde jusqu’en 2027.

La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), par l'entremise de sa représentante du réseau des CPE Stéphanie Vachon, avait dénoncé la mesure, affirmant que « la qualification du personnel en CPE est gage de qualité des services. C’est prouvé depuis longtemps. Fonctionner avec un minimum de personnel qualifié pendant encore de longues années aura un impact direct sur la qualité des services», qualifiant la mesure de méprisante envers les travailleuses.

Donc pour M. Legault, les enfants, c'est important, mais pas en garderie, ou en tout cas pas trop. Mais se soucie-t-il vraiment des enfants de niveau primaire et secondaire? 

Vous en jugerez vous-même: la FAE (Fédération Autonome de l'enseignement) demande d'établir un délai maximal pour l'évaluation des élèves à risque. Ça semble raisonnable! Il faut s'occuper des élèves! Mais non, M. Legault refuse, évoquant un besoin de souplesse.

Ah, cette flexibilité du travail. Flexible est un beau mot, ça sonne sympathique. Mais c'est comme un vieux truc qu'on ressort pour la 10ᵉ fois au même party: les oligarques et les grandes multinationales utilisent ce terme depuis le début des années 2000. Pas pour parler de meilleures conditions de travail, mieux protégées. Non. Pour parler de conditions de travail flexible à leur avantage, évidemment.

Flexibiliser les horaires, pour faire travailler plus. Flexibiliser l'évaluation des enfants, pour évaluer plus tard, pour pallier à la pénurie de main d'œuvre. Ça cause plus de fatigue, plus de frustration, plus de problèmes de santé, physique ou mentale. Pas besoin de donner envie aux jeunes de devenir professeur, quand on peut déjà faire travailler plus ceux qu'on a!

Ça, c'est sans compter les 12% de travailleurs de soutien dans les écoles qui doivent se tourner vers les banques alimentaires pour survivre.

Et il faut rappeler, M. Legault, les professeurs pensent aux enfants. Il suffit d'une petite discussion avec un enseignant sur une ligne de piquetage pour comprendre que leurs revendications aident les élèves autant que les profs. S'ils sortent se les geler pendant six heures chaque jour, sans fond de grève, c'est parce qu'ils y croient pour vrai, à leur mission d'enseignants. 

Ce que la CAQ semble suggérer, c'est que les vrais avares, ce sont les professeurs qui choisissent de continuer de travailler 50 heures pour 32 heures de salaire dans une classe trop grande et pleine d'élèves à besoins particuliers. En revanche, quand les ministres se votent une augmentation de 53 000$ qui, à elle seule, est équivalente au salaire annuel d'entrée d'un enseignant au secondaire—53 541$, ça c'est «gouverner pour le bien des québécois ».

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