L'Étoile du Nord

Grève au Musée des beaux-arts de l’Ontario

Les travailleurs d’un musée « maltraités et sous-payés »

Temps de lecture:3 Minutes

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Les travailleurs du Musée des beaux-arts de l'Ontario (en anglais, AGO) sont en grève depuis plus de trois semaines dans le centre-ville de Toronto. La section locale 535 du Syndicat de la fonction publique de l'Ontario (SEFPO) représente plus de 400 travailleurs, dont des conservateurs adjoints, des charpentiers et des travailleurs de l'alimentation. Après plusieurs semaines de grève, les travailleurs affirment que peu de progrès ont été réalisés, la direction ne se présentant pas à la table des négociations.

« Pendant que nous luttions contre une crise de santé publique et trois années de gel anticonstitutionnel des salaires, les cadres d'élite se sont enrichis de centaines de milliers de dollars », a déclaré Paul Ayers, président de la section locale 535 du SEFPO. « Nous avons besoin d'un accord qui nous aide à garder la tête hors de l'eau lors d'une crise du coût de la vie dans la ville la plus chère du Canada – et la dernière offre de l'AGO est loin d'y répondre. »

Les revendications des travailleurs comprennent des augmentations de salaire, la protection des travailleurs à temps partiel et la limitation de la sous-traitance des postes du personnel. Bien qu'il s'agisse d'un grand employeur public, 60% du personnel sont des travailleurs à temps partiel. « En réalité, nous essayons d'obtenir l'équité en matière d'emploi », explique Mark Thornberry, coordinateur de l'organisation d'événements à l'AGO. « Au fil des années, l'emploi s'est dégradé et on a eu recours à des postes à temps partiel », ajoute-t-il.

« Ils ne nous proposent aucuns contrats à temps plein », déclare Marquise Thompson, employée de restauration et capitaine de grève. « Nous voulons un salaire décent et nous voulons pouvoir payer notre loyer et nous nourrir. » 

Alors que la grève se poursuit, au lieu de négocier, l'AGO a fait venir des briseurs de grève de musées de Los Angeles pour démonter l'exposition Keith Haring. Le chef de grève, Thompson, affirme que la direction « nous a mis à l'écart [et] n'est même pas venue à la table des négociations à plus d'une reprise. »

Pour ne rien arranger, la Fondation AGO trouve l'argent nécessaire pour payer à son PDG, Stephan Jost, près de 400 000 dollars d'honoraires de « conseils » entre 2020 et 2021, en plus de son salaire de 406 000 dollars. « Pourtant, il n'y a pas d'argent pour les salaires ? », demande Ayers. « La galerie peut tout à fait se permettre de présenter une meilleure offre. »

Piquets de grève devant le musée

En plus de la grève, l'AGO est également confronté à un boycott en cours et à une série de manifestations concernant la censure de Wanda Nanibush, la première conservatrice autochtone de la galerie. Nanibush a été engagée en 2017 en tant que conservatrice et codirectrice du département d'art indigène et canadien de la galerie. 

Alors que l'AGO a publiquement présenté le départ de Nanibush comme une « décision mutuelle », une lettre divulguée de l'Israel Museum and Arts Canada (IMAAC) à l'AGO le 16 octobre suggère le contraire. 

L'IMAAC a accusé Nanibush de « discours haineux » pour ses publications sur les médias sociaux, qui, selon eux, ont affirmé à plusieurs reprises qu'« Israël est impliqué dans un génocide et le colonialisme. » En réponse, une lettre ouverte à la galerie signée par 3 300 artistes et travailleurs culturels a critiqué la lettre de l'IMAAC en la qualifiant « d'intimidation de la part de collectionneurs d'art et de donateurs pro-israéliens ». La lettre des artistes affirme que cela a effectivement poussé Nanibush vers la sortie et que cela contredit l'engagement de l'AGO en faveur de la diversité, de l'égalité et de l'inclusion.

Dans une interview accordée à l'Étoile du Nord, un représentant d'Artists Against Artwashing a déclaré : « Ce que nous voyons actuellement dans de nombreuses institutions artistiques canadiennes et sur la scène artistique canadienne, c'est beaucoup de précarité, beaucoup de pertes d'emplois, de pertes de financement, et en même temps, nous voyons que les entreprises qui financent nos musées financent également le génocide. »

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