L'Étoile du Nord

L’unité se renforce dans la nation Atikamekw

Un blocus autochtone oblige une entreprise forestière québécoise à reculer

Temps de lecture:2 Minute

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Le 20 mars dernier, plus d'un an après avoir bloqué la fourche du kilomètre soixante du chemin principal, les Atikamekw de Manawan ont forcé la Scierie St-Michel, du groupe d'investisseurs Champoux, à retirer toutes les abatteuses des chantiers environnants. Récemment, des familles de la communauté atikamekw de Wemotaci ont forcé Rémabec, la plus grande entreprise forestière du Québec, à retirer son équipement forestier après avoir mis en place des blocages de chantiers sur leur territoire.

Ces nouveaux développements dans le Nitaskinan - le territoire traditionnel des Atikamekw - s'inscrivent dans un projet de moratoire sur l'exploitation forestière décrété par les Atikamekw de Manawan en novembre 2021. Ce moratoire a été appuyé par la grande majorité des chefs territoriaux de Manawan avec l'appui de leur conseil de bande, mais le gouvernement a continué à délivrer des permis de coupes forestières. Depuis, la majorité des chefs territoriaux des autres communautés ont également appuyé le moratoire. L'Étoile du Nord s'est entretenu avec Gérald Dubé, dont la famille est active au blocus depuis le début.

Depuis le dernier reportage de L'Étoile du Nord sur le mouvement du Km 60 en mars 2022, le mouvement a pris de l'ampleur et s'est étendu à d'autres communautés, formant un front commun pour la défense du Nitaskinan. Toutes ces communautés ont vu leurs soi-disant "ententes d'harmonisation" avec le gouvernement violées par des monopoles forestiers comme Résolu, la troisième plus grande entreprise de pâtes et papiers en Amérique du Nord, et la huitième plus grande au monde.

À Wemotaci, après de multiples abus et cafouillages des ententes d'exploitation forestière, la famille Petiquay a entrepris trois blocages sur un chemin forestier dans leur territoire. Malgré une injonction de Rémabec, la famille a maintenu les barrages avec l'aide d'autres familles et communautés. "Nous avons aussi eu le soutien de Manawan... Parce que le territoire n'est pas seulement celui de Wemotaci, c'est le territoire de toute la nation atikamekw, ça concerne aussi les gens de Manawan et d'Opitciwan," explique Dave Petiquay, porte-parole de la famille.

Alors que Rémabec affichait un revenu annuel de 277 millions de dollars en 2021, le taux de chômage à Wemotaci s'élève à 30% et à 25% à Manawan, soit plus de 6 fois la moyenne provinciale. La contradiction entre la richesse extraite des terres atikamekw et l'appauvrissement profond de ses habitants a été un facteur clé qui les a poussés à créer le mouvement. Pour plusieurs, ce qui a commencé comme un conflit pour une parcelle de forêt s'est transformé en une lutte générale pour les droits territoriaux des Atikamekw et leur droit au libre développement sur le Nitaskinan.

Lorsqu'on lui demande quel est l'objectif du mouvement du Km 60, M. Dubé répond : "Nous voulons créer une nation, un territoire. Nous ne voulons pas de territoires séparés. Ils [le gouvernement] ont réussi à nous diviser, ils nous ont divisés pendant longtemps. Ils nous divisent encore au sein de la communauté. C'est la même chose à Wemotaci, ils nous divisent en nous donnant des enveloppes [d'argent]. C'est donc ce que nous sommes en train de former, un mouvement unifié".

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