L'Étoile du Nord

Lockout du rail

Une « décision honteuse » du gouvernement en faveur des compagnies ferroviaires, selon les travailleurs

Temps de lecture:3 Minute

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Pour le gouvernement canadien, c'est une catastrophe évitée. Pour les travailleurs du rail, c'est une décision honteuse. Hier soir, après moins d'une journée de lock-out dans le transport ferroviaire, le ministre fédéral du Travail a mis fin à toute possibilité pour les travailleurs de forcer leurs dirigeants à les écouter.

Les travailleurs avaient annoncé la semaine passée qu'ils considéraient déclencher une grève pour mettre de la pression sur le Canadien Pacifique (CPKC) et le Canadien National (CN). Pour tenter de garder le contrôle de la situation, ceux-ci ont répondu dans la nuit de mercredi à jeudi en déclenchant un arrêt de travail forcé pour les travailleurs. 

En fin de journée hier, le grand patron des relations de travail du cabinet Trudeau, Steven MacKinnon, a saisi le Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) pour imposer un arbitrage exécutoire, une décision que le syndicat a déclaré être une « trahison » des droits des travailleurs.

Pour éviter un autre Lac-Mégantic

Paul Boucher, président de la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada, expliquait mercredi que « depuis le début du processus, le CN et le CPKC n’ont pas hésité à faire passer leurs profits avant la sécurité ferroviaire. »

Le syndicat dénonçait que les seuls points bloquant la signature d'une nouvelle entente étaient les demandes des grands conglomérats. « Leur seul objectif est d’augmenter leur bénéfice net, même si cela signifie mettre en péril l’ensemble de l’économie. »

Le conflit qui dure depuis des mois est centré sur l'enjeu de la sécurité. Les monopolistes du CN et du CPKC tentent tous deux depuis des mois de forcer leurs travailleurs à abandonner des clauses dans leurs conventions collectives leur garantissant un repos déjà limité. De plus, ils cherchent à obliger les travailleurs à se relocaliser en fonction des besoins de l'industrie.

Lac-Mégantic, juillet 2013

« Nous ne voulons pas d'un nouveau Lac-Mégantic, » a déclaré le président des Teamsters, François Laporte, ajoutant qu'il voulait voir des gens reposés conduire les trains. « À Montréal, au centre-ville, par exemple, et partout dans le pays, on voit passer des trains transportant des produits chimiques, de l'énergie, du pétrole. »

Intervention du fédéral

Face à l’arrêt des activités ferroviaires, Ottawa n’a pas tardé à intervenir. Le ministre Steven MacKinnon a utilisé l’article 107 du Code du travail pour forcer les parties à accepter un arbitrage exécutoire, ordonnant ainsi la suspension des piquets de grève.

Pour se justifier, M. MacKinnon a affirmé que le gouvernement était neutre et qu'il était insoutenable que deux grandes compagnies ferroviaires ne puissent pas fonctionner. 

Pourtant, « en recourant à l'arbitrage exécutoire, le gouvernement a contourné un syndicat déterminé à protéger la sécurité ferroviaire, » a déclaré Boucher. « Bien qu'il prétende valoriser et honorer le processus de négociation collective, le gouvernement a rapidement suspendu ce processus. »

Selon le président de la Conférence ferroviaire, « les deux principaux chemins de fer du Canada ont fabriqué cette crise de toutes pièces, ont pris le pays en otage, et ont manipulé le gouvernement pour qu'il fasse fi, une fois de plus, des droits accordés à la classe ouvrière canadienne. »

Piquet dans la grande région de Vancouver, jeudi matin

Il ajoute: « La Conférence ferroviaire de Teamsters Canada (CFTC) est profondément déçue par cette décision honteuse. Le gouvernement a pris cette mesure sans précédent, en recourant à cet article rarement utilisé du Code du travail, uniquement parce qu'il savait que sa minorité ne pourrait pas obtenir le soutien nécessaire pour adopter une résolution législative visant à apaiser les compagnies de chemin de fer. »

Le syndicat des Teamsters affirme qu'il compte étudier le renvoie au CCRI, la réponse de celui-ci, et consulter ses avocats afin de déterminer d'une marche à suivre. Il annonce également maintenir ses piquets de grève du côté du CPKC, contre la volonté du gouvernement et du chemin de fer, qui souhaitent une reprise des activités dès dimanche.

Ce vendredi, les Teamsters ont annoncé qu'ils avaient déposé un préavis de grève de 72h à enclencher lundi prochain à 10h.

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