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Fort de plus de 420 000 membres, le Front commun des syndicats représentant les employés en conflit du secteur public québécois, bientôt en négociation depuis un an et sans convention collective depuis le 31 mars, organise une démonstration de force d’envergure le 23 septembre prochain à Montréal.
Sous l’invitation à une « grande marche nationale », les syndicats appellent « [toutes] celles et tous ceux qui sont touchés de près ou de loin, qui connaissent des travailleuses et des travailleurs de nos réseaux, qui veulent soutenir notre lutte et manifester l’importance qu’ils accordent aux services publics » à participer à cette mobilisation.
En se référant au mouvement syndical de 1972, l’alliance entre la Confédération des syndicats nationaux (CSN), la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) et l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) lance un avertissement au gouvernement. L'organisation de cette manifestation que le Front commun envisage comme historique se veut un prélude à une possible grève générale, qui serait déclenchée si la CAQ refuse catégoriquement de corriger les conséquences « des décennies d’austérité, de compressions et de modération salariale ».
Alors qu’environ un travailleur sur dix de la province est directement impliqué dans ce conflit, le dénouement de cette bataille aura des conséquences significatives sur l’état du rapport de force entre l’ensemble des travailleurs et le patronat au Québec.
On retrouve parmi les conséquences des politiques reprochées non seulement la dégradation des conditions de travail des employés du secteur public, mais aussi celle des infrastructures, de la qualité des services et de l’appareil administratif. De nombreuses réformes douteuses ou désastreuses ont été opérées par pratiquement tous les gouvernements depuis bientôt 30 ans.
Sous le Parti Québécois, entre 1994 et 2001, le virage ambulatoire par Jean Rochon suivi de la commission Clair sous Pauline Marois, puis l’adoption en 2002 sous François Legault d’une loi spéciale forçant les médecins à travailler en urgence sous peine d’obtenir d’importantes amendes. Le Parti libéral du Québec n'est pas en reste avec la création en 2003 des centres de santé et de services sociaux (CSSS) sous Philippe Couillard qui affaiblit les CLSC et les CHSLD, Yves Bolduc en 2008 qui pousse les hôpitaux à s’inspirer de la « méthode Toyota » et enfin Gaétan Barrette qui centralise toute la santé publique et les services sociaux entre 2014 et 2018, créant les CISSS et les CIUSSS.
Ainsi, les 30 dernières années semblent être un brassage administratif constant et coûteux, sans jamais investir dans des infrastructures et du personnel qui permettrait de résoudre concrêtement les problèmes du système. Avec la Coalition Avenir Québec, l'histoire se répète, alors que l’actuelle réforme de la santé sous Christian Dubé ainsi que la création sous Jean-François Roberge des centres de services scolaires, adoptée sous bâillon, sont reçues avec beaucoup de scepticisme et critiques. Combiné à une inflation forte, un contexte semblable à la décennie de 1970, cela pourrait mener à un cocktail explosif.
Si le Front commun de 1972 peut sembler loin, il faut rappeler que la quantité de travailleurs impliqués dans ce mouvement est semblable, proportionnellement, à celui d'aujourd'hui. Bien que la situation soit différente, le nombre est suffisant pour que son impact soit significatif. C'est sans compter que la CAQ a récemment mis d'autres groupes en colère avec son projet de loi attaquant les droits des locataires ou sa gestion des revendications de la communauté autochtone de Manawan, à 250km au Nord de Montréal.
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